TPE : Pollution sonore.

De Damien Bouleux, Loïc Pinsard et Baptistin Roussel.

II-menaces sur la santé

2. comment réagissons-nous face au bruit ?

Aucun individu ne réagis de la même manière face à un même son. La notion de pollution sonore est très subjective, par exemple si votre voisin écoute sa musique préférée a un volume élevé, cela peut être un plaisir pour lui mais une gène pour vous. De la même manière, une conversation au cinéma, même a un volume très faible, peut paraître anodine pour les interlocuteurs mais peut être une gène terrible pour les autres spectateurs.

Par ailleurs, le bruit est souvent synonyme de stress, d'anxiété ou encore de nervosité pour de nombreuses personnes. En effets un bruit, même d'une faible intensité, mais qui est répété pendant une longue période de temps, peut-être à l'origine d'un certain mal-être chez les individus exposés à ce bruit. Les personnes exposées à ces « bruits de fond » ne se rendent compte de leur gêne qu'au moment où celui-ci cesse ou quand ils rejoignent un endroit isolé de ce bruit.

Une étude réalisée pour le Ministère de l'Écologie, de l'Énergie, du Développement durable et de la Mer montre que deux tiers des français sont gênés par le bruit à leur domicile. Cette étude datant de juin 2010 montre que les nuisances sonores touchent particulièrement les habitants des grandes agglomérations, ainsi que ceux qui vivent en appartement. Cette étude nous révèle que les habitants des grandes agglomération comme celles de Lyon , Paris, Marseille sont les plus touchés. Les bruits mis en avant comme les plus gênant dans ce sondage sont les bruit occasionnés par les deux roues ainsi que ceux liés aux chantiers.

Ainsi les nuisances sonores sont données en troisième position comme facteur troublant la qualité de vie après les saletés et la pollution de l'air.

Les effets subjectifs et comportementaux du bruit

Le lien entre gêne et intensité physique du bruit est variable ; le bruit, en tant que mesure physique, n'explique qu'une faible partie de la variabilité des réponses individuelles au bruit. L'aspect « qualitatif » du bruit est donc également essentiel pour évaluer la gêne. Par ailleurs, la plupart des enquêtes sociales ont montré qu'il est difficile de fixer le niveau précis où commence l'inconfort.

Pour tenter d'expliquer la gêne, il faut donc aller plus loin et en particulier prendre en compte des facteurs non acoustiques :

  • de nombreux facteurs individuels, qui comprennent les antécédents de chacun, et des variables telles que la profession, le niveau d'éducation ou l'âge ;
  • des facteurs contextuels : un bruit choisi est moins gênant qu'un bruit subi, un bruit prévisible est moins gênant qu'un bruit imprévisible, etc.

En dehors de la gêne, d'autres effets du bruit sont habituellement décrits : les effets sur les attitudes et le comportement social (agressivité et troubles du comportement, diminution de la sensibilité et de l'intérêt à l'égard d'autrui), les effets sur les performances (par exemple, dégradation des apprentissages scolaires), l'interférence avec la communication.

a)Les effets sur l'audition

Pour une journée de travail (8 heures), on considère que l'ouïe est en danger à partir de 80 dB. Si le niveau de bruit est supérieur, l'exposition doit être de plus courte durée. Si le niveau est extrêmement élevé (supérieur à 135 dB), toute exposition, même de très courte durée, est dangereuse.

  • Fatigue auditive :
    A la suite d'une exposition à un bruit intense, on peut souffrir temporairement de sifflements d'oreilles ou de bourdonnements (acouphènes) ainsi que d'une baisse de l'acuité auditive. Les dégradations de l'audition se situent en particulier au niveau de l'aigu, ce qui donne la sensation d'écouter avec "du coton dans les oreilles". Cette fatigue auditive demande quelques semaines sans surexposition au bruit pour disparaître.
    Le bruit est une cause de fatigue même sous les seuils réglementaires.
  • Surdité :
    L'exposition prolongée à des niveaux de bruits intenses détruit peu à peu les cellules ciliées de l'oreille interne. Elle conduit progressivement à une surdité, dite de perception, qui est irréversible. Dans ce cas, la chirurgie n'apporte aucune aide. L'appareillage par des prothèses électroniques se contente d'amplifier l'acuité résiduelle, il ne rend pas la fonction auditive dans son ensemble. Son efficacité reste donc limitée.

Un bruit soudain très intense, par exemple lors d'une explosion, peut entraîner une surdité brutale, totale ou partielle, réversible ou non. L'effet du souffle de cette explosion peuvent entraîner une déchirure du tympan, mais aussi des lésions des os situés dans l'oreille. Suivant le niveau du bruit provoqué, plus ou moins de cils sont détruits dans la cochlée. En cas d'explosion inattendue, les rescapés sont souvent victimes de perte de l'audition importante dus à la pertes de ces cellules ciliées. Les populations vivant dans les grand Nord par exemple, ne sont pas habituées à évoluer dans un niveau sonore important. Cependant comme ces populations chassaient les phoques armés de fusils, l'explosion provoquée par ces-dernier causait des lésions de l'audition plus importantes.

b)Les effets biologiques extra-auditifs

Les effets biologiques du bruit ne se réduisent pas uniquement à des effets auditifs : des effets qui n'agissent pas directement sur la santé peuvent également apparaître. Du fait de l'étroite interconnexion des voies nerveuses, les messages nerveux d'origine acoustique atteignent de façon secondaire d'autres centres nerveux. Ces derniers provoquent des réactions plus ou moins spécifiques et plus ou moins marquées au niveau des fonctions biologiques ou des systèmes physiologiques autres que ceux relatifs à l'audition.

Ainsi, en réponse à une stimulation acoustique, l'organisme réagit comme il le ferait avec toute agression, qu'elle soit physique ou psychique. Cette stimulation, si elle est répétée et intense, entraîne une multiplication de réponses de l'organisme qui, à la longue, peut créer un état de fatigue, voire un épuisement de celui-ci. Cette fatigue intense constitue le signe évident du « stress » subi par l'individu. En plus de cet épuisement, l'organisme peut ne plus être capable de répondre de façon appropriée aux stimulations et aux agressions extérieures et voir ainsi ses systèmes de défense devenir inefficaces. Souvent le bruit joue aussi un rôle important sur la santé mentale. En effet le bruit est considéré comme la nuisance principale chez les personnes présentant un état anxio-dépressif ; la présence de ce facteur joue un rôle déterminant dans l'évolution et le risque d'aggravation de cette maladie.

Perturbations du temps total du sommeil :

  • durée plus longue d'endormissement : il a été montré que des bruits intermittents d'une intensité maximale de 45 dB peuvent augmenter le temps d'endormissement de plusieurs minutes.
  • éveils nocturnes prolongés : le seuil de bruit provoquant des éveils dépend du stade dans lequel est plongé le dormeur, des caractéristiques physiques du bruit et de la signification de ce dernier (par exemple, à niveau sonore égal, un bruit d'alarme a plus de chance de réveiller qu'un bruit neutre) ; des éveils nocturnes sont provoqués par des bruits atteignant 55 dB.
  • éveil prématuré non suivi d'un ré-endormissement : aux heures matinales, les bruits ambiants peuvent éveiller plus facilement un dormeur et l'empêcher de retrouver le sommeil.
  • sur la sphère végétative, notamment sur le système cardio-vasculaire. Il s'agit d'effets instantanés tels que l'accélération de la fréquence cardiaque et, chez les populations soumises de manière chronique à des niveaux sonores élevés, des désordres cardio-vasculaires de type hypertension artérielle et troubles cardiaques ischémiques.
  • sur le système endocrinien : l'exposition au bruit entraîne une modification de la sécrétion des hormones liées au stress que sont l'adrénaline et la noradrénaline, notamment lors de l'exposition au bruit au cours du sommeil ; l'élévation des taux nocturnes de ces hormones peut avoir des conséquences sur le système cardio-vasculaire. Plusieurs études rapportent également une élévation du taux nocturne de cortisol, hormone traduisant le degré d'agression de l'organisme et jouant un rôle essentiel dans les défenses immunitaires de ce dernier.
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TPE : Pollution sonore. 2010/2011